Un cauchemar bien réel dans la paisible Kyushu
Entre 1996 et 1998, dans la ville de Kitakyūshū, un homme au sourire poli et sa compagne transformèrent plusieurs familles en victimes d’un enfer domestique inimaginable.
Sous des apparences ordinaires, Futoshi Matsunaga et Junko Ogata ont commis l’une des séries de crimes les plus cruelles du Japon d’après-guerre.
Cette affaire, connue sous le nom de “Kitakyūshū Serial Murder Case”, reste à ce jour un symbole du mal psychologique absolu.
Un manipulateur d’une intelligence redoutable
Né en 1961, Futoshi Matsunaga était un homme charismatique, séducteur et cultivé.
En apparence, il menait une vie ordinaire : marié, père de famille, professeur d’électronique.
Mais derrière cette façade, il dissimulait une personnalité perverse et dominatrice.
Il exerçait sur ses victimes un contrôle mental total, mélangeant menaces, chantage et lavage de cerveau.
Son mode opératoire ? S’introduire dans la vie de familles vulnérables, isoler ses proies, puis les soumettre à des humiliations et violences extrêmes.
La spirale infernale
Avec la complicité de sa compagne Junko Ogata, Matsunaga a entraîné une famille entière dans la terreur.
Entre 1996 et 1998, six personnes — dont des enfants — furent séquestrées, torturées et assassinées.
Les victimes étaient forcées de se battre entre elles sous la contrainte, pendant que le couple observait, indifférent.
Les cadavres étaient ensuite dissimulés ou détruits.
Les rares survivants décrivent un climat de peur absolue, où la manipulation psychologique surpassait la violence physique.
L’arrestation du monstre
C’est en mars 2002 que Matsunaga et Ogata sont finalement arrêtés, après la fuite d’une jeune femme retenue captive pendant des mois.
Son témoignage a permis de reconstituer l’horreur : viols, châtiments, privations, exécutions forcées…
Le Japon découvre alors une réalité insoutenable, presque inimaginable dans une société aussi codifiée.
Le procès, suivi par toute la nation, a mis en lumière un couple enfermé dans une logique de domination et de destruction.
Le verdict
En 2005, Futoshi Matsunaga est condamné à la peine de mort, toujours en attente d’exécution.
Junko Ogata, jugée complice mais aussi victime de manipulation, a écopé de la prison à perpétuité.
Les psychiatres mandatés par la cour ont décrit Matsunaga comme “un individu doté d’une intelligence aiguë, mais d’une empathie inexistante”.
Cette affaire a profondément marqué le Japon, pays où les crimes de cette nature sont rarissimes.
Un choc sociétal durable
L’affaire Matsunaga a relancé le débat sur :
- la manipulation psychologique et les “sectes domestiques” ;
- la lenteur des services sociaux à détecter les signaux de danger ;
- la capacité de l’humain à exercer le mal sans mobile rationnel.
Au Japon, cette histoire est encore enseignée dans certaines écoles de criminologie comme un exemple extrême de dérive mentale dans un cadre ordinaire.
Un silence persistant
La maison où se sont déroulés les faits a été détruite, mais le terrain reste inoccupé.
Les habitants refusent d’y reconstruire, par respect pour les victimes et par superstition.
Chaque année, des anonymes déposent discrètement des fleurs à proximité.
L’affaire Matsunaga demeure l’un des rares cas où le mal semble avoir pris visage humain, sans explication possible.

